02/07/2011

Paris Sans Germain

Ce matche du jeudi 30 juin 2011 entre la société Qatar Sports Investments (QSI) et le club du PSG associé à son actionnaire Colony Capital est déjà joué d'avance tellement QSI sort des arguments de poids. C'est à huis clos dans le Parc des Princes (qataris) que va se dérouler la partie sur une excellente pelouse de pétrodollars par un temps couvert (d'argent) et avec du vent de gaz naturel.


Avec une équipe dirigeante réduite de deux tiers, la team QSI, tout juste débarquée de Doha, espère remporter la partie. En face, une sélection des meilleurs négociateurs et donneurs d'ordre du PSG et de Colony Capital, firme américaine de fonds d'investissements qui detient encore la majorité du capital du club.

Les Qatariotes ne sont pas là pour faire de la figuration, ils veulent aller droit au but. En vue de la Coupe du Monde 2022 qui se déroulera dans l'Émirat, les équipe qataris comptent multiplier les matches amicaux et les O.P.A. hostiles. Leur capitaine Nasser Al-Khelaïfi s'empare de la discussion et, d'un mouvement de la main droite, prend son Mont-Blanc doré dans la poche gauche de son complet veston, de la gauche il ouvre le chéquier. La tension grimpe d'un cran, les instances dirigeantes du PSG donnent de la voix. Al-Khelaïfi mystifie l'assemblée en signant alors un chèque important sous le regard inquiet de son vis-à-vis, Sébastien Bazin. Y a-t-il assez de zéros ? Oui, le compte y est, balle au centre.

Une, deux, le portable d'Al-Khelaïfi sonne, c'est Tamim bin Hamad al-Thani, le responsable de tous les investissements qataris à l’étranger et président du Club. Passement de combiné à Alain CAYZAC de Colony Capital, les négociations s'engagent autour du montant de l'enveloppe des transferts. Al-Thani est un spécialiste de l'amorti de discussions houleuses, du crochet par la City, du grand pont de compliments et du lob par lobbys interposés. Al-Khelaïfi reprend la balle au bond et frappe du cou du poing sur la table pour convaincre.

L'équipe du Qatar endort la fin de la rencontre avec, en alternance, des phases de discours rassurant ("On est au club d’aujourd’hui jusqu’à... toujours !"), puis d'objectifs clairs ("Notre objectif est d'abord de participer à chaque Ligue des Champions dès 2012. Ensuite, à partir de 2015, on aspire à jouer un rôle majeur dans cette compétition."), enfin, de déclarations pleines d'ambition ("On veut amener le PSG très haut." ou encore "On veut le nouveau Messi."). Ils ont la baraka, en face, les réactions sont optimistes, les mains claques et les sourires sont sur toutes les lèvres. Ils entonnent à tue-tête même "Qui ne signe pas, est relegué-é", puis "Ce soir ils nous mettent le pieu" et enfin, "Allez les Verts !".

En résumé, score final Qatar Sports Investments (QSI) : 1 club, PSG + Colony Capital : ~10M€ (de bénéfices). Le buteur est le jeune requin aux dents longues, Nasser Al-Khelaïfi. On déplore un avertissement pour le compte du PSG, dès la première minute : "Ne pas confier l'avenir d'un sport aux mains de financiers". Avertissement que devraient méditer les autres clubs de la Ligue 1 au risque de devenir un nouvel émirat de la péninsule (financièrement) arable.