24/11/2009

Simple Strife

Tokyo est devenue récemment la capitale mondiale des restaurants trois étoiles, avec onze récompenses suprêmes décernées par le guide Michelin 2010, contre dix à Paris. "Avec 261 étoiles, Tokyo reste de loin la capitale de la gastronomie mondiale et celle qui compte le plus grand nombre de restaurants triplement étoilés", a expliqué Jean-Luc NARET, directeur des Guides Michelin.
C'est donc un fait, les Guides Michelin préfèrent le Tokyo (Hotel) au Paris (HILTON). Découvrons les 2 établissements afin de nous faire une opinion.

L'accueil
Alors qu'en arrivant au Tokyo Hotel un très jeune groom et un non moins jeune voiturier (au cas où vous seriez véhiculés) vous accueillent devant l'entrée - malheureusement sans le sourire, mais la génération Y c'est ça - au Paris HILTON rien... Il vous faudra ouvrir vous même la porte et vous avancer dans le couloir rectiligne très richement décoré grâce à l'argent de papa HILTON (on y voit pêle-mêle des photos de soirées alcoolisées de jet-setteuse culinaire et d'autres de l'émission "Simple Life" en compagnie de Nicole RICHIE, des clichés sur les podiums de mode, un des milliers d'albums invendus de la soupe "Paris", l'affiche du film "La maison de cire", et, dans un coin vidéo, en boucle, l'émission "My new BFF" (dans laquelle Paris dégote une assistante en cuisine l'an passé avant de la révoquer et de la remplacer par une autre tâcheronne de la gastronomie plus habituée à manger liquide et à déféquer par la bouche qu'à déguster des mets fins), pour enfin rencontrer le personnel du restaurant et là encore vous risquez d'être sérieusement déçus ! En effet, de personnel il faudra vous contenter d'une gourgandine blonde titubant avec les cheveux qui collent, les poches sous les yeux et une étrange odeur de vodka mêlée à du vomi qui émane de sa personne.
Mais revenons à notre entrée du Tokyo Hotel. Le groom vous ouvrira la lourde porte d'entrée et vous invitera à le suivre, encore un couloir à traverser, avec sur les murs des affiches et des récompenses retraçant l'historique de l'hôtel. Celle de la rencontre entre les actuels propriétaires en 2001 dans un concert à Magdebourg en Allemagne, puis celle de leurs débuts et de leurs rencontres avec des professionnels de la musique durant l'année 2004. Ensuite on découvre que le Tokyo Hotel, appelé sobrement Tokio, est une franchise de Universal Music depuis 2005, ce qui lui a permis de gagner bon nombre de distinctions (numéro 1 en Allemagne et en Autriche avec le single plat "Durch den Monsun", disque d'or avec l'album-carte "Schrei", ...). Puis c'est la success-story, telle celle d'un Gordon RAMSAY, à travers l'Europe de l'Est puis de l'Ouest et finalement la consécration au niveau mondial grâce à la publicité sur Internet notamment.

La nourriture
Le Tokio a longtemps proposé sa fameuse soupe "pop-rock" à la sauce allemande, une sauce au goût vraiment différent en bouche par rapport à l'anglaise traditionnelle. Cette année, Bill KAULITZ, le chef du Tokio, en accord avec son second et jumeau, Tom, a décidé de rajouter des accents pop et disco et d'ouvrir sa cuisine à d'autres chefs afin de concocter des mets en duo. Pour ce qui est du reste de la carte on trouve les plats habituels : en entrée, huîtres réchauffées de bluettes sentimentales avec sa vinaigrette tiède de déception amoureuse accompagnées d'une julienne aux 3 légumes (drogue, dépendance, rébellion) ou saumon suicidé et ses toasts. Pour ce qui est du plat de résistance, dos de Bar(res) de rire et de rage de vivre sur foi en l'avenir et sa rémoulade de légumes de passion (sauce fraternité) ou pot(es) au feu de jarret au foie gras d'alcoolique,  avec un fond de faiblesses humaines et mesquineries du quotidien. Puis, salade de parents justifiant le divorce à coups de mensonges, fromage frais a la ci(coup de)boulette et, pour finir, Forêt noire de solitude dans la maison. Et pour les amateurs, un verre d'eau de vie après la mort.
Au Paris HILTON la carte est très attractive, on y découvre sur la première page des photos de la chef - Paris jeune cuisinière née en 1981 à New York proposant une cuisine épicée et provocante - lors de son dernier paparazzage complaisant en bord de plage, on l'y voit très dénudée en train de se faire b****er. Bref, de quoi éveiller les papilles, les pupilles, les écoutilles... mais passons à la carte. En entrée, foie gras ultra alcoolisé et sa garniture acid(e gastrique)ulée, jus ressorti mélange de vinaigre balsamique et de Porto ou escargo(go)ts et trompettes de la mort en 'route' (garnie de conduite en état d'ivresse et de conduite au dessus de la limite autorisée), bouillon à l'herbe fraîche non coupée. Puis, de(s)mi(lliers de) queue(s) de langouste d'un peu partout sur la planète et moule farcie, grande émulsion médiatique beurre rouge (Paris a été nommée cuisinière la plus exposée médiatiquement au monde en 2006 pour cela !) et Brunoise de légumes (recette proposée par Paris dans sa sex-tape "1 Night in Paris" tournée avec le ROBUCHON du chichon, le grand chef Rick SALOMON) ou médaillon de tête de Veau, pommes château et champignons frais d'entre-cuisse. Puis, pour en finir, fromage de bites frais à l'estragon et tarte au poil.

La note
Au Tokio, la note reste salée. Il faut dire qu'on ne paye pas que pour le repas mais aussi pour le lieu. La jeune équipe du Tokyo Hotel a de grandes visées commerciales et souhaite être encore plus médiatisée afin d'attirer un maximum de fan. On regrettera cependant la fragilité de la composition culinaire trop édulcorée et le nombre ahurissant de journalistes et de photographes qui collent aux baskets des KAULITZ. On ne peut pas non plus oublier le marketing agressif développé par la maison mère, Universal, avec la vente de nombreux produits dérivés et la tentative d'édulcoration du menu à la sauce anglo-saxonne. Enfin, l'attitude hystérique de certaines clientes à la vue des frères KAULITZ passant les plats pourra vous laisser dubitatif.
Au HILTON Paris, on regrette les mêmes choses que dans l'hôtel des Allemands, à la différence que la salle n'est pas garnie de fan hystériques.

Conclusion
Au Tokio, bien que la nourriture ne soit pas très innovante, l'établissement tourne à plein régime et l'accueil est très rigoureux. De l'autre côté, force est de constater que le Paris HILTON offre un service très moyen - bien que sexy - et un repas très indigeste (on a même trouvé dans nos plats des poil de Tinkerbell. La décision des Guides Michelin semble donc après vérification tout à fait justifiée.

Tokyo Hotel HILTON style